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Il y avait une forêt de cèdres 1 : Bouleversé

[novembre 2022, semaine 114 - Cirque de Jaâfar, Maroc] ✎ Denisa
Certaines rencontres nous marquent à vie, et pas seulement s'il s'agit des humains, mais aussi de la nature. Pour Arthur, c'est ce qui s'est passé au Cirque de Jaâfar. Ce qui a commencé par une simple visite va déboucher sur... son premier court-métrage.

 

C'est moi qui parle ✎Denisa
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Novembre 2022, Haut Atlas.

Tao arpente des pistes sauvages. À part quelques bergers et une poignée de touristes en moto ou 4x4, pas grand monde doit s’y aventurer. Notre destination ? Le Cirque de Jaâfar. Selon notre vieux guide touristique (datant de 2010), on y trouvera, dans un cirque naturel, une magnifique forêt de cèdres millénaires d’où part un sentier à travers des gorges sublimes. La route est longue, les bosses fréquentes. Un troupeau de dromadaires et leur jeune berger croisent notre route. Encore un dernier col et on y est : en haut d’un vaste cirque. On sort de Tao pour contempler ce miracle de la nature et on cherche les cèdres.

En contre-bas, on voit le lit de ce qui était, un jour, un oued. Maintenant, il est à sec. Quelques cabanes en terre crue l’accompagnent jusqu’à l’entrée des gorges. Des enfants et des poules courent autour. En bas, rien ne pousse. Plus haut, les pentes rigides sont certes vertes, mais est-ce les cèdres que notre guide nous promettait ? On se les imaginait énormes, majestueux, impressionnants… Arthur sort les jumelles pour mieux voir. La verdure qui couvre les pentes est faite d'arbustes. Plus tard, on s'apercevra que ce sont des genres de buissons, qui piquent et qui donnent l’impression d’avoir besoin de très peu d’eau. Et là, il les voit. De très hauts arbres, qui dépassent les autres arbres de quelques dizaines de mètres. Même de loin, on peut voir combien leurs troncs sont épais et leurs branches s’étendent loin à l’horizontal. Ce sont les cèdres. Mais… Ils sont tous morts !!! Des cadavres, dressés vers le ciel, pour crier à tous l’injustice dont ils ont été victimes.

Nous n’arrivons pas toute de suite à mesurer l’étendue du drame dont les témoins morbides se dressent devant nous. Fidèles à nos esprits positifs, nous admirons l’étendue du cirque naturel, nous guettons l’entrée du canyon qui tortille son chemin parmi de hautes falaises. Nous avons envie de nous émerveiller et de voir partout la beauté de la nature, donc nous partons en balade. Mais plus nous nous rapprochons des cèdres, plus la triste réalité nous atteint. Très vite, notre balade se transforme en promenade funèbre. Nous sommes choqués, impressionnés… C’est la première fois que nous voyons de si hauts cèdres, et même s’ils ne sont plus vivants, ces géants gagnent toute de suite nos cœurs. Mais au lieu de sourire, nos cœurs se mettent à pleurer.

C’est Arthur qui est le plus bouleversé. Il ne parle que des cèdres morts, même la superbe balade dans le canyon spectaculaire n’arrive pas à capter son attention. Il a la boule au ventre et il portera ce mal-être avec lui pendant des jours et des jours. Ces cèdres sont morts de soif. Ces arbres robustes, connus pour leur résistance aux chaleurs, ont perdu leur vie en luttant contre le réchauffement climatique. Une bataille qui semble perdue d’avance.

Midelt. Une semaine plus tard.

Arthur ne peut continuer le voyage sans rien faire. Il a peur pour les cèdres, peur pour le futur de la planète. Son cœur n’arrive pas à comprendre comment il est possible que les humains continuent à vivre sans se soucier de la nature, quand la nature crie si clairement son mal-être. Non, ça ne peut pas continuer ainsi. Ça doit changer. Tout le monde doit changer. Il doit agir. Mais il se sent si petit, il n’a que 14 ans. Que peut-il bien faire ?
Il réussit à convaincre son papa de retourner au Cirque de Jaâfar. Il n’a pas encore d’idée de ce qu'il pourra y faire. Oui, filmer, mais après ? Il se sent perdu. Mais il commence avec ce qu’il sait déjà : qu’il veut raconter au monde entier l’histoire de cette forêt morte. Comment il a été touché. Combien il est important d’en tirer une leçon. Et pas qu’une petite, une leçon phénoménale ! Pendant plus d’une semaine, il étudie la photographie et la vidéo de paysage, domaine complètement nouveau pour lui. De retour sur place, il met à profit ses nouvelles connaissances. Il observe, expérimente, discute avec son papa, réessaie… encore et encore, pendant deux jours.

l’emporte. Mais dans son cœur, le projet reste vivant. Nous visitons le centre du parc national d’Ifrane, un autre endroit connu pour ses forêts de cèdres et pour les singes qui l’habitent. Mais là non plus, il ne trouve pas de réponse à ses questions. Les singes que nous voyons sont charmants et il adore les prendre en photo. Mais ils ne sont plus sauvages. Ils dépendent de l’homme pour leur nourriture et ils ont été transformés en attraction touristique. Aussi bien que les cèdres. Quand nous arrivons au pied du cèdre Gouraud, le plus grand cèdre de la forêt, âgé de 800 ans, il est mort, lui aussi. Il est entouré de boutiques de souvenirs touristiques et même les dromadaires richement décorés pour les touristes ne manquent pas, même s’ils n’ont rien à faire dans cette partie du Maroc. Tout sonne faux.

Comment retrouver l’esprit pur du ress  cvbnenti initial et formuler un vrai message ?

26.10.2023 19:49 Denisa - Cirque de Jaâfar, Haut Atlas, Maroc
   
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