Hommes de cœur pour leur terre

Pour certains, la promotion des objects artisanaux de leur pays n’est qu’une façon de gagner leur vie. Mais pas pour Taki et Abdou. Vu de nos yeux, ça avait presque l’air d’une mission sacrée, celle de célébrer et de préserver les trésors que leur pays a produits dans son riche passé.

Chacun des deux hommes gère son propre musée : Abdou celui de la culture nomade (à Guelmim) et Taki celui de la préhistoire (à Laâyoune). Ces musées ont plusieurs choses en commun (à part le fait que nous les avons visités ;-) C’est grâce à leurs hôtes qu’ils ont vu le jour.Ils ont eux-mêmes rassemblé tous les objets, ils les restaurent, entretiennent, et ils sont les créateurs de toute l’exposition à l’intérieur. Et surtout, en les entendant parler, tu ressens à quel point ils aiment partager leur histoire. Si seulement il y avait plus de personnes comme eux, tout le monde tomberait amoureux de ses racines !

Musée de la vie nomade, Guelmim

Le musée de la culture nomade a été exotique pour nous, dans une grande oasis au milieu du désert. Taki et Abdou ont chacun joué leur rôle dans sa création. Taki semble être l’âme noble plein de connaissances, aussi bien sur l’histoire de chaque objet et que sur la culture qui va avec, mais c’est aussi l’artiste qui restaure les objets qui en ont besoin. Il y a trois ans, il y a eu un énorme incendie, qui a mis en cendres presque toute l’oasis, et aussi plusieurs pièces du musée. Abdou nous racontait son grand chagrin quand en quelques heures, la moitié de la vieille kasbah avait disparu. La chaleur était si forte que les murs en terre crue ont fondu. Encore aujourd’hui, quant tu te trouves dans le patio du musée, tu vois une moitié toute belle, et quand tu te tournes, tu es devant un ruine. C’était donc une visite intense en émotions ! D’un côté la tristesse de ce qui a disparu à jamais, et l’exposition d’une magnifique culture nomade, qui n’est plus… heureusement qu’il y avait les nombreuses histoires d’Abdou qui redonnaient vie aux objets ! Et on avait même le droit de jouer un peu avec (délicatement ;-). À la fin, il nous a invité à prendre le thé pendant lequel il partageait des anecdotes de sa vie dans le désert. Lui même, à l’âge d’Arthur, vivait encore une vie nomade et il a vraiment envie que ces racines de nomade berbère restent dans la mémoire de son peuple. Je suis sûre que ça marchera. Déjà pour nous, Abdou, ton témoignage nomade restera gravé dans nos cœurs !

Musée de la préhistoire, Laâyoune

C’était dans sa propre maison que Taki nous accueillit. Tout le rez-de-chaussée de sa maison était transformé en musée de la préhistoire. Il nous racontait qu’il avait réussi à faire passer la préhistoire dans le programme des écoles primaires et combien il en était heureux ! Il avait même des films à thème pour jeunes écoliers. Je me disais qu’ils devaient être bien plus sages que nos enfants, car sinon, ils auraient déjà démoli son musée, tellement il était riche et rempli d’objets précieux et mystérieux. Il y avait un peu de tout : des objets de pierre et autres matériaux naturels, ainsi que des images, pour illustrer l’histoire. Mais la meilleure partie était sans doute les explications et démonstrations de Taki. Nous avons tout essayé : la pierre qui faisait de la musique, les teintures naturelles sur le visage, les pointes de flèches… Même si nos enfants ont déjà vu de grands musées sur la préhistoire, celui-ci ne nous semble pas moins important, car il se trouve exactement là où on en a besoin, au milieu de son pays, et aucune exposition moderne ne pourra égaler l’amour que Taki porte dans son cœur et qui s’entend à chaque fois qu’il parle.

Un grand merci, nos chers amis, d’avoir partagé votre passé avec nous ! Nous avons écouté avec passion vos histoires personnelles, admiré l’énergie que vous avez donnée à vos musées, et découvert comment le passé du pays est gravé dans vos cœurs.

Nous espérons que beaucoup d’autres pourront vous connaître et apprendre à vos côtés.

À une prochaine fois, Inch Allah