Un petit moment d’inattention et… GRRRRR

C’est moi qui parle ✎Tao

Après les deux jours sur le bateau et deux autres jours sur la plage, j’avais hâte de reprendre la route ENFIN !!! J’étais trop content quand Petr a démarré mon moteur et m’a conduit vers les montagnes les plus proches. Les routes devenaient de plus en plus étroites et tortillaient dans tous les sens.  J’étais le roi de la route, presque seul, tellement je m'étais éloigné des villes. En revanche, la vue était époustouflante ! On voyait même la plage sur laquelle je m’étais garé pour fêter ma deuxième arrivée en Afrique.

Mais il ne faut jamais penser qu’on peut regarder le paysage et la route en même temps. Je ne sais pas où Petr avait la tête, mais il l’a regretté ! Un moment, il avançait doucement pour dépasser une petite voiture dans le sens inverse en faisant un jovial « Salam aleykoum ! » comme il avait l’habitude. Quelques secondes après, j’entendais un énorme GRRRRRR vers mon arrière gauche. Quel choc !

Et là, tout est passé de hyper-rapide à ultra-lent. Heureusement, tous étaient de bonne volonté. « Mashi moshkil » disait le propriétaire de la petite voiture, ce qui veut dire « Pas de problème ». En fait, il ne voulait pas dire qu’il n’y avait pas de problème, parce visiblement, son pare-choc était par terre. C’était pour nous rassurer, nous dire qu’on allait bien trouver un arrangement.

Je vais essayer de faire court ce qui, en réalité, dura plus de quatre heures…  Une foule de personnes s’ést arrêtée pour regarder, conseiller, aider ou traduire. Plusieurs passants, un ami, un dépanneur et un assureur (venus sur demande du monsieur), un Marocain naturalisé néerlandais et ses cousins allemands en voyage avec lui… Heureusement, que ce monsieur hollandais était là, avec son cœur ouvert et sa fabuleuse capacité à traduire et apaiser ! Car c'était tout une aventure humaine et administrative ! Petr avait fini par remplir les documents de notre assurance... pour changer d’avis à la dernière minute. Un copain Marocain avait réussi à joindre un autre copain garagiste, qui estimait la réparation à 400 euros. Tout le monde donnait plus ou moins discrètement son avis sur ce montant. Quand le monsieur a vu le regard dépité de Petr qui continuait ses papiers d’assurance, il nous a demandé, une dernière fois, combien nous serions prêts à payer. Il serait plus rassuré par de l’argent dans sa main, que d’attendre celui d'une assurance étrangère…

200 euros et on n’en parle plus ! Petr a sorti l’argent, le monsieur l’a pris. Il a déchiré la déclaration pour l’assurance dans un geste libérateur, en faisant voler les bouts de papier en l’air. Petr et le Marocain néerlandais se sont jetés par terre pour limiter cette petite catastrophe écologique née de la joie. Eh oui… nous pouvons nous entendre, mais pour sur tout ;-) Quelques minutes après, tout le monde était reparti et nous aussi. Même si le choc de cet argent si vite perdu allait nous peser pendant quelque temps encore. Mais Petr avait envie de le voir positivement : c’était le destin qui voulait le prévenir de rester à l'avenir plus attentif ! Et c’est sans doute ce qu’il fera.