Ou voulons-nous poser la limite à l'ouverture aux autres et comment prendre soin de notre intimité ?
Chez nous, ce thème revient tout le temps. Pour nous, notre projet de voyage ne peut exister que pour notre bien personnel. Nous aimerions donner courage aux autres de passer le cap de réaliser leur rêve, quel qu'il soit. Mais pour cela, il ne sert à rien de dire que tout est rose. Que tout le monde réussit. Ce n'est pas vrai. Je n'ai moi-même aucune idée de comment j'évaluerai notre aventure, avec le recul du temps. Aucune. Je bascule tout le temps entre le OUF! le YOUPI! ou encore le ??? et souvent je me repose même la question :
Pourquoi? Qu'est-ce qu'on cherche?
Au fond de moi, mon intuition me dit que nous savons exactement ce que nous recherchons, mais je me demande si c'est vraiment conscient, si je saurais le mettre en mots. Changer de vie? Transformer le monde? Nous transformer nous-mêmes? C'est sans doute un peu de tout ça, car si nous voudrions « juste » rouler autour du globe, je ne vois pas de raison pourquoi nous en ferions tout une histoire. Toute cette remise en question, toutes les réflexions. On fixerait un itinéraire, qu'on adapterait en fonction de la situation, le climat, la politique. On calculerait le budget, le temps, les visas... C'est ce qu'on a fait il y a trois ans. Et oui, ça fait partie des passages pratiques du chemin, mais ce n'est pas le fond de notre histoire. Si nous avons pris trois ans à presque sortir de l'Europe, c'est pour une raison.
Voilà pourquoi notre blog ne peut se limiter aux endroits par où nous passons, aux belles photos. Nous voulons qu'il nous ressemble, qu'il véhicule ce qui est vivant dans nos coeurs. Les rencontres. Les émotions. Les moments qui nous marquent pour la vie, qu'il s'agisse des moments magiques qu'on voudait faire durer éternellement, de grandes surprises que nos coeurs apprivoiseront pendant de longues heures, où encore des désastres douloureux, dont nous essayons coûte que coûte de tirer des leçons, si nous voulons réussir à leur donner une place dans notre vie.
Nous sommes donc tous portés par l'idée d'ouvrir notre monde et nos coeurs. Depuis le début, nous n'hésitons pas à révéler aux passants les difficultés avec lesquelles nous bataillons et de célébrer avec eux nos petites réussites. Toujours, nous faisons remarquer les deux côtés du médaillon. Mais nous avons remarqué que l'humain filtre ce qu'il entend. Souvent, nos invités ont envie de voir le rêve, de ne voir que du rose. Parfois, nous avons l'impression que nos « point négatifs » sont vite rangés dans la case des obstacles mineurs et réglés. Comme s'ils se disaient : moi, je n'en serais pas capable, mais eux, ils sont « différents ». Comme si nous n'étions pas de la même espèce. Et rien ne bouge. Personne ne se remet en question. Et c'est bien dommage. Car nous sommes de la même espèce. Nous venons du même endroit, avec un travail, des carrières plus ou moins réussies, des écoles, une maison... et puis, une rencontre, une lecture.. qui nous a profondément marqué et mis en route...
En fait, il ne suffit pas de dire. Quand quelque chose nous marque, nous sommes emportés dans nos coeurs, pris par nos tripes. C'es physique, c'est chimique. C'est pour ça que notre présence sur internet ne peut pas se limiter à une zone confortable et sécure. S'ouvrir, ça veut dire se montrer vulnérable, partager des peurs, oser l'authenticité. Emporter l'autre avec nous, dans un voyage dans nos tripes et dans nos coeurs, car c'est là-bas où brule notre flamme de vie, nos passions, nos rêves, nos moteurs et nos freins. C'est là, où nous pouvons vraiment nous rejoindre.
Ok, tout ça, c'est trop cool. Mais comment faire concrètement ?
Pour commencer, nous sommes 6. Chacun a le droit de mettre des photos sur la liste noire, ou même des articles tout entiers, s'il n'es pas confortable avec l'idée que « tout le monde » le voit. Donc voilà une première donnée : pas tout ce que nous vivons, ni tout ce que nous écrivons apparait sur le site. Sur mon ordi, j'ai un dossier que j'appelle « privé » où je crée de temps en temps des brouillons d'histoires, ou juste des notes. Souvent, ce sont des situations où je me suis sentie très mal, en lien avec des peurs très profondes, comme par exemple l'avenir de nos enfants et les adultes qu'ils vont devenir, grâce à ou à cause des expériences que nous leur faisons vivre.
Ouf! Wow! Je suis contente de te l'avoir dit. C'est juste, c'est vrai. Dire que tout est public, serait un mensonge. Et en même temps, je suis contente de pouvoir te dire que pour autant, je ne laisse pas ses « passages noirs » passer dans l'oubli. Car un jour, nos enfants seront grands et peut-être que je rirais quand je relirais mes peurs d'antan... (ou pas, d'ailleurs). Peut-être qu'un jour, je complèterais le site avec les histoires inédites, comme le petit Nicolas ;-). Il se peut que dans un an je te parlerai des inquiétudes qui pour le moment sont trop sensibles pour que j'ose les révéler. Car tout évolue. Chaque jour du voyage nous fait avancer ou reculer, il nous fait bouger dans tous les sens, en tout cas.
Tu te dis peut-être qu'il ne restera pas trop de matière, si je prends le droit de protéger mes peurs les plus profondes ? Ne t'inquiète pas ! Déjà, je ne suis pas trop forte à mettre mes limites et j'ai un énorme élan qui me pousse à l'ouverture. Ceci fait souvent peur à Petr, qui se demande quelle sera le prochain désastre dévoilé sur le site ! Et des peurs, doutes et inquiétudes, j'en ai tellement, que même en en censurant quelques-unes, il en restent encore tant à partager, que je manque plutôt de temps pour les noter.
Mais, évidemment, ça me fait aussi peur. La semaine dernière (novembre) j'ai écrit deux petits articles sur ce qui, pour moi, est difficle à vivre. Je teste comment écrire, quels photos choisir, pour te permettre de goûter à notre réalité. J'espère qu'après tout ce que je t'aie annoncé, tu ne sois pas déçu. Je te serais très reconnaissante, si tu voulais me faire un retour sur ces articles. Ont-ils te permit de te relier à notre vie ? Ont-ils t'inspiré ou apporté autre chose ? Ou fait réfléchir ? Aurais-tu envie d'en lire d'avantage et sur quel thème ou quel type d'histoire ?
Plein de questions que je me pose...
Et pour finir : Je suis ravie d'être en route et si je décris aussi des passages difficiles, c'est parce que je crois vraiment qu'elles font partie de la richesse de notre aventure, et qu'au fond de moi, je n'ai pas envie de vivre juste une moitié de ma vie, même si c'est la jolie moitié.