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octobre - quelques réflexions sur notre vie et notre école avec nos enfants

(dans notre cas 24h/24h = non-stop :-)
Il y a quelques jours, nous avons été con tacté par «Eduzin», une e-magazine tchèque sur le thème de l’éducation. Si nous avions envie de contribuer à un article sur l’instruction sans école. Bien sûr que oui !

Le lendemain, nous étions tous devant la caméra avec la rédactrice… Nous sommes très heureux quand nos expériences avec l’école peuvent servir aux autres, ou même inspirer ? En plus, cela nous a poussé à mettre sur internet (enfin! avec 6 mois de retard) notre vidéo sur notre école en route. Et le plus chouette, nous avons pris un moment pour savourer ce que nous faisons et pourquoi, et surtout : ce que ça nous apporte… 

Voilà un bout de nos réflexions. 

Des enfants pas-idéaux et des parents loin-de-parfaits, on est donc «normal» ;-)

Pendant notre échange vidéo nos enfants ont posé des questions, parlé, expliqué et montré… tout ce qu’ils voulaient. Nous, les parents, étions heureux de les observer. Ça faisait du bien, car les derniers temps nous sommes souvent fatigués et impatients. Nous nous rendons moins compte du chemin que nous avons parcouru ensemble et des enfants magnifiques qu’ils sont. 

Attention, nous ne disons que nos trésors seraient mieux que les autres enfants, pas de risque dans ce sens ;-) Ils font simplement ce que les enfants sont sensés faire : ils sont vifs, ouverts, turbulents, impatients et créatifs. Ils réfléchissent à tout et ils se fient plutôt à leur propre expérience qu’au conseil des autres. Pratique, n’est-ce pas?

Ils ne sont pas exceptionnels et pas non plus mieux que les autres à l’école. Imparfaits à l’image de leurs parents.  Il nous arrive de constater avec tristesse, combien le comportement dont nous sommes réellement capables est beaucoup moins innovateur que ce dont nous rêvons. Accompagner ses enfants, c’est une recherche continue. Une équation pleine de variables, qui changent tout le temps. Et quel sera le résultat ? … 

Pour le moment, ils sont curieux, ils adorent expérimenter et il réfléchissent à tout, ce qu’ils voient et entendent. Ils essayent de donner un sens à ce qui leur arrive. Ça nous réjouit. À vrai dire, nous faisons la même chose. Chez nous, personne n’a raison d’avance.
C’est enrichissant et épuisant à la fois. 

L’école à la maison : vivre ensemble… 

Pour nous, un des plus grands défis est de passer beaucoup plus de temps ensemble. 
(C’est vrai que nous avons poussé au max : 7 jours par semaine, 24h par jour… ça fait beaucoup ;-) 

Nous pensons qu’il existe autant de façons d’être avec ses enfants, qu’il y a des familles…. Nous supposons, qu’il est possible de maintenir un autorité stricte, de se présenter comme le parent qui a toutes les réponses et d’être leur professeur à la fois. Nous avons, depuis toujours, fait un autre choix. Nous voyons nos enfants comme des personnes à part entière et nous choisissons de leur faire confiance. Qu’ils puissent nous parler ouvertement et de tout, nous critiquer aussi. Venir pleurer ou faire des crises de colère en toute sécurité (=dont nous sommes capables sur le moment). Nous aimons leur faire vivre, par leurs propres expériences, que la critique n’est pas dangereuse en soi. 

Le résultat n’est pas une vie sans conflits. Au début, nous pensions que notre objectif était de prévenir tout conflit par un comportement bienveillant. Une harmonie constante. Mais les humains ne sont pas faits ainsi, ou en tout cas : pas nous. Nous sommes tout le temps traversés par des émotions, dites «positives» et «négatives» et chaque émotion d’un d’entre nous a un effet sur nous tous. Quelqu’un m’a dit un jour qu’un CONFLIT n’était rien d’autre qu’une nouvelle information qui avait besoin d’énergie pour être (di)gérée, pour qu’on retrouve son équilibre. J’adore cette définition. Depuis ce jour, je comprends que les conflits ont leur place dans nos vies. Et pour nous, à 6 dans le camion, particulièrement !

Parfois j’ai l’impression, que nous passons notre vie à écouter, discuter ou chercher des solutions que tout le monde est prêt d’essayer. Ainsi, nous apprenons ensemble comment traverser des conflits tout en restant soudés comme famille. Nous voyons les faiblesses (si énervantes !) de chacun et nous apprenons à vivre avec. Et nous constatons que même comme ça, nous continuons à nous aimer à nous voulons toujours continuer cette vie en voyage ensemble (tous les 6!).

… et travailler ensemble

Pour que notre école à la maison fonctionne, nous avons eu besoin de trouver ensemble une nouvelle façon de coopérer. Comme nous l’avons dit, une approche autoritaire était inconcevable pour nous. D’autant plus qu’avec l’école à la maison, la personne avec qui les enfants seraient fâchés, serait la même que celle qui écouterait leur chagrin. Nous n’en sommes pas capables. Ça nous fait trop mal d’accueillir la tristesse des enfants que nous avons nous-même causés. C’est vrai, que nous sommes deux, mais ça ne suffit pas. 

Nous essayons de respecter les besoins de chacun avec des objectifs communs. Plus facile à dire qu’à réaliser ! Pourtant, ça a du sens pour nous. Les liens, que nous créons aujourd’hui, seront construits pour toute la vie. Nous espérons que cela nous permettra de maintenir un lien proche, aussi pour le futur, quand ils décideront tout pour eux-mêmes. 

L’école, nous manque-t-elle ? Combien de temps prend l’école à la maison ? 

Deux autres questions que la rédactrice nous a posés. 
La réponse n’est pas si noir-et-blanche comme elle peut le paraitre. 

Pour nous, aller à l’école peut avoir des plus et des moins. En plus, chaque école est différente. Nos enfants ont essayé l’école classique et alternative, en Tchéquie et en France. Parfois ils allaient tous à l’école, parfois juste ceux, qui l’avaient choisi. Il nous est aussi arrivé de leur imposer l’école (nous n’avons pas tenu longtemps ;-). Nous ne sommes pas contre l’école, mais pour la liberté de choix. Un choix familial, qui prend en compte les besoins et limites des enfants ET des parents. Nous rêvons pour chaque enfants d’un entourage, où il se sente aimé, capable, à sa place.

Mais retournons au temps. Beaucoup des activités que nous considérons aujourd’hui à faire partie de «notre école», ne sont pas nouvelles. Nous imaginons, que presque chaque parent répond aux questions de ses enfants, leur lit des histoires, aide avec les devoirs, les accompagne en nature, au théâtre ou au musée. Aucun enfant n’apprend UNIQUEMENT à l’école. Nous aussi, nous leur offrons nos connaissances, compétences, notre attention. Depuis toujours, nous avons fait avec eux des constructions, des expériences, des projets créatifs. Joué avec des lettres, calculé laquelle des mamies est plus vieille, etc. etc… 

Comme maintenant, nous fabriquions des aides pédagogiques, car nous sommes convaincus qu’il est plus efficaces d’inventer et fabriquer des supports que de répéter en boucle ce que l’école a demandé. Et c’est beaucoup plus marrant ! 

Quand nos enfants allaient à l’école (et ceci même quand ils aimaient leur école) la première heure après la sortie de l’école était toujours compliquée. Souvent, les enfants avaient besoin de pleurer ou de décharger les émotions accumulés pendant la journée. Ils étaient fatigués et nerveux. Dans n’importe quelle école, ils sont beaucoup ensemble à traverser des émotions diverses et variées. Les enfants captent tout cela et réagissent. Ça les fatigue. Ils ont besoin d’apprendre à vivre avec toutes ses énergies qui circulent dans l’air. Il est très rares que nous ayons suffisamment de temps à accorder aux émotions pour retrouver notre équilibre. Ceci est encore plus d’actualité à l’école, pleine de petits êtres qui sont en train de construire leur façon de vivre avec leurs émotions et celles des autres. 

Le soir, nous passions souvent beaucoup de temps à comprendre ce qui s’était passé. Parfois cela voulait dire de longs pleurs, ou l’écoute de tout ce qui avait besoin de sortir. Ou encore des stratégies plus joueur, comme une bataille avec des balles molles ou n’importe quelle autre expérience, qui les captivait et faisait rire. Le rire a un pouvoir magique pour volatiliser des petites inquiétudes.  

En plus (et cela bien plus avec l’école classique) les enfants s’y ennuyaient souvent, ou l’inverse : ils n’arrivaient pas à suivre, car le rythme de l’école ne répondait pas à le leur… et le soir, ils rentraient en disant «Ok, maintenant on va enfin apprendre véritablement, ce que je veux et comme je veux». Alors, nous leur faisions l’école «en plus», pendant les soirées. Ce qui leur avait été présenté l’école n’avait pas suffi pour assouvir leur curiosité et soif d’apprendre. Car les enfants adorent apprendre !

C’est pour cette raison que paradoxalement, aller à l’école nous a permis de libérer du temps pour nous en journée, mais c’était aussi une perte importante de temps passé ensemble que nous n’avons plus aujourd’hui. 

En quoi l’école peut nous manquer, à nous les parents, est que c’est un havre de paix où on peut se ressourcer en travaillant sans être constamment interrompu. Aucun de nos travails ne s’approche en intensité à ce que nous vivons aujourd’hui avec nos enfants. Le soir, nous tombons de fatigue ;-)

Qui peut dire, ce qui est le mieux pour l’autre ? Une recherche sans fin… 

seraient capable de savoir et décider à la place des enfants, ce dont ils auraient besoin pour vivre en bonheur, et à quel âge et de quel façon il devrait l’apprendre. 

Un grand avantage de l’école est que, si nous faisons «comme tout le monde», nous nous rassurons nous-mêmes et notre entourage, que nous faisons ce qui est le mieux pour notre enfant. Mais cette conviction, est-elle correcte ? Le monde change si rapidement, et l’école est si longue à s’adapter. Il est loin d’être sûr que nos enfants y reçoivent LA bonne préparation au monde de demain, que nous avons du mal à imaginer. En plus, chaque enfant est si différent, donc ce qui marchait bien pour l’un, n’a aucun effet sur l’autre. L’école n’est pas forcément la meilleure solution pour tous les enfants. 

Faire les choses différemment, expérimenter avec la vie de nos propres enfants, est assez inquiétant. Même si nous savons que nous le faisons avec tout notre coeur et sans épargner de l’effort, cela fait peur à l’entourage et nous non plus, nous ne sommes pas épargnés du doute. Nous ne savons pas, ce qu’ils deviendront, et nous ne le saurons même pas encore quand il seront de jeunes adultes. C’est déstabilisant de prendre un autre chemin, inconnu. Cela est peut-être la plus grande bataille qu’un parent aura à livrer, celle contre ses propres peurs, vers la confiance. 

Nous faisons donc ce qui nous avons le courage de faire. C’est un «va et vient» entre nos rêves et nos limites. Par moment nous suivons le programme de plus près, pour ensuite basculer vers un suivi de leur curiosité naturelle et des apprentissages plus informelles. Parfois cela veut dire qu’on travaille sur des projets que nous épluchons en profondeur, et un autre jour nous les laissons juste jouer, faire leur propres expériences même si nous avons un pré-ressenti de ce qu’ils vont découvrir ;-). Nous avons compris, que nous n’arriverons pas à être impeccables dans toutes les domaines au contrôles, ni dans la vie d’ailleurs. Nos enfants ne seront pas des génies qui se souviendront de tout le programme même à l’âge adulte. Arthur est capable de construire une 6x6 avec toutes les roues motorisées, des différentiels et huit moteurs avec différentes télécommandes combinées… mais quand il est face à un exercice scolaire de français, il est perdu. Cailin lit et écrit en trois langues et apprend avec envie d’autres langues encore, mais les données historiques rentrent par une oreille, et sortent par l’autres. Etc, etc…. Il n’est pas possible de tout avoir à la fois. Dans la vie, il faut toujours faire des choix, le cerveau ne peut pas travailler sur tous les fronts à la fois et ça ne nous semble même pas souhaitable. Apprenons plutôt à faire de bons choix. 

Car toute décision que nous prenons maintenant aura une grande retombée sur la personnalité «en construction» de notre enfant. Ceci et vrai même dans le cas de l’envoyer à l’école (car ça aussi, c’EST un choix). 

Nous sommes convaincus, que plus nous mettrons de l’énergie dans l’accompagnement de notre enfant, plus nous l’écouterons et lui donnerons de l’attention, plus nous aurons de chances de choisir avec lui, ce qui est bien pour lui. 

Nous faisons de notre mieux

Pour certains éléments du programme, comme par exemple l’écologie, nous n’avons même pas besoin d’ouvrir un manuel d’école, les enfants savent. Par contre, nous avons aussi des matières dans lesquelles un enfant ne réussit pas à suivre, peu importe nos efforts. En ce cas, nous dédions beaucoup de temps à comprendre et puis expliquer, pourquoi le fonctionnement de cet enfant diffère de celui des enfants «normaux» et pourquoi nous estimons quand-même que notre instruction est adaptée et de qualité. Les mois avant l’inspection annuelle, nous mettons l’accent plus sur les exercices scolaires et le contenu du programme. 

Mais ce qui nous passionne le plus, est d’expérimenter avec eux, de suivre leur curiosité, leurs idées créatives. Nous prenons beaucoup de temps pour trouver des manières de transformer nos projets de la vie de tous les jours en atout pour le programme. Ou pour trouver des façons d’apprendre «ce qu’il faut» d’une manière captivante. Nous adorons les documentaires, les projets, des visites ou des rencontres des gens passionnés.

Chaque semaine nous créons un plan de travail (style pédagogie Freinet) avec l’enfant, dans lequel nous intégrons des éléments du programme et aussi des projets et centres d’intérêt de l’enfant. L’enfant détermine soi-même quand il fait quoi. Le matin, nous sommes «dispos» pour aider, pas le reste de la journée (= nous avons le droit de dire que nous n’avons pas envie ;-) Mais le plan doit être atteint. Parfois cela arrive déjà le jeudi, parfois ils travaillent même le weekend, parfois maman adapte un programme en cours, pour compenser ce qui nous arrive (projet inattendu, sortie, maladie…). 

Au quotidien, cela ne nous donne pas la sensation d’une vie idyllique :-) Plutôt des montagnes russes ! Un jour on est un haut, un jour en bas. Rien n’est plus sûr, le doute peut être partout (ce qui est souvent le cas). C’est un fonctionnement assez proche de la réalité et surtout : c’est le chemin que nous avons voulu. Tous les jours, nous nous disons que c’est une grande chance de vivre nos vies comme nous l’avons choisi. Quand nous voudrons le changer, nous pourrons. 

Ce que nous n’aurons plus jamais est l’illusion que «tout ira bien» si nous suivions le courant de la majorité. Cette croyance appartient au passé pour nous. Peu importe les choix que nous ferons dans le futur, nous serons obligés de nous faire confiance et de faire de notre mieux, avec les informations et expérience que nous avons à disposition. Sans garantie.

Nous avons une grande chance d’avoir le temps de réfléchir à ce que nous faisons

Merci d’avoir tenu jusqu’à ici ! Nous espérons que notre «vadrouille filo» vous ait intéressé et qu’elle ait réussi à illustrer un peu notre réalité. Nous sommes en route et notre travail de tous les jours est de remplir nos jours d’activités, qui ont du sens pour nous, et qui sont en accord avec qui nous sommes. Cela ne nous parait pas si facile, même si nous avons plein de liberté, ou peut-être que c’est à cause de cela que ça se complique. Nous n’avons pas appris à vivre avec tant de possibles. 

Si vous êtes curieux d’en savoir plus sur nous ou notre vie, une question concrète, un partage… ça nous fera plaisir. Nous croyons, que nous avons tous à apprendre l’un de l’autre et que nos échanges pourront nous enrichir mutuellement. Nous n’avons pas de réponses toutes faites. Mais nous aimons réfléchir à ce qui croise notre chemin. 

Avec le coeur
Denisa a Petr


La vidéo,que nous avons préparé pour les inspecteurs, mai 2021

11.11.2021 15:08 Denisa+Petr
   
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